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Virées du week-end

TISMEE, la musique en spectacle

Un vendredi au théâtre

samedi 24 octobre 2009, par Doszen, Dridjo

J’ai eu l’impression que mon bulbe rachidien mettait une baffe à mon cortex cérébral, et provoquait le tremblement de toute ma colonne vertébral jusqu’à mon urètre, pris lui-même de spasmes vibratoires interminables comme s’il s’était transformé en diapason fou. Je crois que mon cœur ne se remettra jamais de la dernière danse endiablée de la jolie TISMEE.

J’avais promis que j’irais il y a déjà deux semaines, cette fois-ci j’étais bien décidé à aller le voir ce spectacle. J’aime pas m’engager et ne pas respecter ma promesse, même quand ce n’est qu’une invitation faite à l’aveugle via un groupe Facebook.
C’est chiant de sortir un vendredi soir seul comme je l’ai fait. Je déteste ça, ça fait trop le gars qui galère, « S.O.S sans amis » ! Mais bon, je ne vais pas me gâcher mon début de week-end parce que deux pimbêches m’ont craché un « Tchiiiip » quand je leur ai parlé de théâtre et de spectacle musical, et non de cinéma UGC pour un blockbuster US pétaradant.

Théâtre de La Reine Blanche vendredi 23, 20h40. Dans un quart d’heure le spectacle musical « TISMEE » va commencer. Le speech que j’ai vu sur le blog d’afriquaParis décrivait le spectacle en ces termes « des voix, des musiques, des chants entrecoupés de moments drôles et questionnements, de recherche de soi et de l’acceptation de soi...On sort de là le sourire aux lèvres, prêt à lever l’ancre ! ».
Humm… nous allons voir ça.

Je ne sais pas depuis quand le spectacle tourne mais il n’y a pas foule pour un vendredi. C’est le lot de tous les petits spectacles que des passionnés montent de bric et de brocs. Je suis bien placé pour savoir qu’en France, dans l’art comme la politique, il faut avoir sa carte du Parti des Fils à Papa si on veut voir les fanfares de la renommée retentir pour vous dans les médias.
Le point super positif c’est qu’à l’entrée il y a plein d’enfants. Surement une sortie scolaire. Sympa d’apprendre aux gamins à aimer autre chose qu’un « BOUM BADA BOUM ! » qui jaillirait des enceintes Dolbi stéréo de l’écran d’une quelconque salle obscure. J’ai envie de crier avec eux « ho les gens, on peut apprécier des comédiens autrement qu’en restant avachie dans son canapé le doigt sur la touche « pause-pipi » ou « alerte-tartine-Nutella » toutes les 5 secondes ! »

Le début du spectacle m’a fait un peu flippé. Des images en noir et blanc projetées sur un écran façon salle de cinéma, je me suis dit « putain ils ne vont pas me faire un de ces trucs hybrides moitié joué, moitié filmé !? Où est ma carte UGC !!? »
Et évidemment j’ai encore une fois été trop vite en besogne. Ce n’était que l’intro chanté, mettant en scène une jeune fille qui descend vers Marseille visiblement décidée à quitter sa Bretagne natale pour “l’Afrique”.
Il y a trois acteurs sur scène qui se retrouvent sur le portde Marseille. Khalil MAOUENE joue un jeune homme franco-algérien, la guitare toujours vissée entre les bras et qui veut aller en vacance « au bled ». Aurélie KONATE joue la jeune métisse qui cherche un bateau qui l’emmènera en Guinée Conakry le pays d’origine de son père. Et Félix SABAL-LECCO est un matelot camerounais qui vit en permanence entre ici et là-bas.
Pas besoin de faire de mystères pour dire que j’ai kiffé. Franchement. Même si ce fut pour moi plus un spectacle de musique qu’un spectacle musical. J’explique.

Les chansons, toutes originales manifestement, sont vraiment belles. Surtout deux d’entre elles chantées par le matelot Félix que j’ai adoré. Je ne sais pas s’il les chante en bamiléké, en bassa ou en douala, mais peut-être que le fait de ne pas comprendre les paroles fait que je me concentre plus sur la douceur de la voix, de la musique. Franchement excellent.
Khalil est vraiment très bon à la guitare, et je lui aurais mis une bastos dans le ventre si j’avais eu l’assurance d’hériter ensuite de sa voix.
Aurélie a elle aussi une voix puissante mais beaucoup plus classique, en tout cas rien qui ne frappe particulièrement à l’oreille d’un handicapé du solfège comme moi. Toutes les chansons sonnent justes quand elle les chante et j’ai été à chaque fois soit transporté par le dynamisme du rythme, soit bercé par son ton mélodieux.
Mais plus que tout elle a failli me provoquer une syncope quand ; habillée d’une longue robe légère verte et blanche striée d’une longue fente remontant quasiment au nombril ; elle a laissée entrevoir une interminable jambe galbée à souhait, aux muscles luisants de santé, à l’apparente douceur de soie à peine filée… Seigneur des anges !
J’ai eu l’impression que mon bulbe rachidien mettait une baffe à mon cortex cérébral, et provoquait le tremblement de toute ma colonne vertébral jusqu’à mon urètre, pris lui-même de spasmes vibratoires interminables comme s’il s’était transformé en diapason fou. Je crois que mon cœur ne se remettra jamais de la dernière danse endiablée de la jolie TISMEE .

Les quelques points qui fâchent ? Doit-on vraiment en parler ? Ok j’en parle.
Déjà, l’auteur du texte, parlé, de ce spectacle devrait éviter de faire dire à une jeune femme qu’elle voudrait qu’on accepte sa chevelure crépus ; symbole de discrimination ; quand elle semble elle-même porter un tignasse longue comme faite de 6 paquets de longues mèches Pony 27. Ça ne fait pas crédible. J’espère en tout cas qu’elle ne doit pas sa « chevelure » soyeuse à une pauvre petite indienne désormais tondue comme après une « collaboration horizontale » style 39-45. Enfin, moi je dis ça, je dis rien…
Au début j’ai pensé que vouloir traiter du sujet du métissage dans un spectacle musical était un gros challenge, et que j’étais curieux de voir par quel bout les auteurs prendrait le problème. Et justement c’est là le problème, les auteurs n’ont pas choisi de bout.
Les auteurs ont voulu parler de tout sans choisir un seul angle saillant et enfoncer le clou, et évidemment sur 1H30 d’un spectacle entrecoupé de chants ce n’était pas possible d’éviter les clichés et les raccourcis. On a tout mélangé : crise identitaire, rejet de l’Europe, silence des parents immigrés ; sans d’ailleurs qu’on comprenne vraiment le « pourquoi » de ce silence. Guerres en Afrique, faute de l’Europe, sentiment d’appartenance ou non, revendication des racines africaines. Des racines africaines après lesquels on décide subitement de se tourner après avoir été traitée de « Tismée » dans la rue. Sic !
D’ailleurs il faudra que quelqu’un m’explique un jour comment l’Afrique peut « manquer » à des gens nés ici, grandis ici, qui n’ont d’africain que leur excès de mélanine et qui ne savent pas ce qu’est l’odeur du sable mouillé après une bourrasque tropicale de dix minutes. Et Pourquoi durant tout le spectacle on mélange allègrement les termes « noir » et « africain » !? J’ai pourtant toujours eu l’impression que l’un n’incluait pas forcément l’autre. Encore un de ces clichés à la «  Roots  » fashion-tendance du moment ?
A mon avis les enfants qui sont venus assister au spectacle ne sont pas repartis de là avec une envie irrésistible de faire leur Alya vers l’Afrique ! On a beaucoup parlé de famine, guerres, multinationales occidentales qui déchirent l’Afrique, etc… et pendant quelques secondes on a effleuré la « douceur de vivre », « le soleil ». Clichés quand tu nous tiens.
Bon, de toute manière les longues diatribes étaient parfois si confuses que je ne pense pas que les gamins aient compris grand-chose à ces histoires d’Afrique et de misère.

J’ai tant bien que mal bloqué mon cerveau pendant certains dialogues de ce spectacle mais c’est, je crois, ma sensibilité au sujet qui était désagréablement titillé. Hormis ces moments un peu lourdos, j’ai vraiment aimé ma soirée. Des vrais moments de rires, des comédiens-chanteurs ; plus chanteurs à mon goût que comédiens ; qui ont mis de l’intensité et le feu à la fin du spectacle.
Très bonne ambiance pour clôturer le tout et une chose que seul le théâtre peut donner, l’humanité. C’était vivant, c’était joué, c’était vécu. Pas de scènes de 30 secondes validées après 50 claps « coupé, on la refait ! ». De la sueur presque visible, du stress palpable, un bonheur évident à la fin de la pièce.
Ce vendredi je n’ai pas perdu mon temps. Prenez-vous par la peau du coup et allez au théâtre voir ce spectacle. Foi de moi, vous aurez gagné 1 an sur votre temps de bonheur. Et comme dirait l’autre « surtout si la fille est mignonne… »

Tismée
Théâtre La Reine Blanche
2, Bis Passage Ruelle,
75018 Paris
M° La Chapelle (Ligne2)
tel. 01 40 05 06 96
06 63 68 16 53


Voir en ligne : Théâtre Reine blanche

Messages

  • Juste une petite précision sur cet article que je trouve très bien développé, même si je ne suis pas d’accord avec une grande partie : Aurélie Konaté, ce sont ses vrais cheveux, et oui ils sont défrisés, mais si tu écoutes bien, dans le spectacle elle ne dit pas qu’elle veut qu’on accepte ses cheveux crépus, elle dit "crois tu qu’un jour les cheveux crépus seront à la mode et qu’on n’aura plus besoin de les défriser ?" en faisant référence à ses propres cheveux justement.
    Ensuite pour ce qui est des clichés, moi je me dis que ce spectacle est vu par beaucoup de gens de différents horizons, tu ne peux pas attendre qu’un spectacle s’adresse uniquement à des gens qui sont concernés directement par le sujet, il y a des gens curieux, des jeunes, des vieux, des blancs et des noirs qui allaient voir ce spectacle, je l’ai bien vu dans la salle, la foule était très métissée elle-même, et parmi ces gens il y a des gens qui ne comprennent même pas comment le racisme lui-même est vécu par quelqu’un, des gens pour qui l’Afrique est un gros cliché et justement je trouve que les clichés ont été bien triés dans l’ensemble dans ce spectacle. La chanson Mama Africa par exemple est très belle et parle d’une Afrique dont les africains sont fiers. Ensuite de souligner le lien entre "noir" et "africain" je trouve ça poussé quand même. Oui la majorité des africains SONT noirs, et dans le cas du spectacle c’est de ça qu’ils parlent, ils n’allaient quand même pas donner un cours d’histoire géo et de démographie africaine, déjà qu’ils n’ont qu’un temps limité pour traiter de plusieurs sujets délicats.
    Moi je crois que pour une première mouture, c’était un très très beau spectacle. Les comédiens chanteurs étaient exceptionnels, ils jouent en live la plupart du temps ce que je ne vois jamais dans les spectacles musicaux d’habitude. C’est sûr que ce n’est pas évident de traiter de toutes ces choses et qu’ils ont choisi de prendre un angle large plutôt qu’un "bout" comme tu dis, et c’est ce que j’ai aimé moi, ça m’a fait voyagé, différentes émotions, différentes ambiances, différents thèmes, et tout ça sans aucune mièvrerie. Et aussi, chapeau bas à la sexy Aurélie, ne serait-ce que pour sa sexiness, là je suis entièrement d’accord ;)

    • Merci pour ton feedback.
      Comme tu le vois, au final j’ai aimé le spectacle malgré les bémol que j’y ai mis.
      J’ai beaucoup plus été touché par la musique que par le jeu d’acteur mais c’est vrai que j’ai tendance à comparer avec les spectacles de théâtre pure. En plus le spectacle ne tournait pas depuis longtemps (je crois) et je suis sûr que plus ça ira plus la maitrise sera grande.
      Mais je reste sur le sentiment qu’il y a trop de chose traité en même temps et ça brouille le message. Mais je suis le 1er à dire que le sujet est toujours délicat comme le montrera mon prochain billet sur 2 spectacles vu recemment ;-)
      Tchuss