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Les mots de Vieux Mokaléba

Pourquoi s’entêter à vouloir faire lire aux africains des africains ?

Phase 1

lundi 21 avril 2014, par Dridjo

On m’a dit que nous étions dans l’ère de l’image. Que les écrits-là n’impressionnent plus personne. Que même les plus grosses conneries, à l’image 2.0, glissaient dans la tête des gens comme du support dans un arrière-train vaséliné. Donc moi aussi, j’image mes conneries…


Trois ans que je me demande pourquoi, mais pourquoi donc je m’entête à vouloir faire lire des livres africains aux africains !?

Je devrais commencer par expliquer que c’est important, que la culture blablablabla…. Mais non. Ça sera pour la prochaine vidéo. Pour l’instant c’est : POURQUOI !? Pourquoi tant d’africains et de non-africains s’entête dans la promotion des littératures africaines pour des résultats médiocres !?

J’ai des pistes de réponses.

Les réponses sont dans mon passé. Dans mon passé post-adolescent, quand à 22 – 23 ans je passais ma vie dans la moite chaleur de l’Amazone ou de l’Atlantis. Bon, les moins de 30 ans là vous pouvez décrocher, ces références vous dépassent.

Donc, mon passé de clubeur m’a donné des explications. Pourquoi on s’entête à vouloir faire lire des africains aux africains !?

Visualisez !

Vendredi 22h. Vos mains tremblent d’excitation les doigts sur la gâchette du parfum qui vous arrose le corps. Vous êtes habillé fresh-to-death et le rendez-vous pris est devant l’entrée du night-club, du côté du tonton zaïrois balaise adepte des recalages sans raison. Mais vous savez que vous ne serez pas recalé parce que vous avez laissé votre RIB à l’entrée vu que c’est devenu votre maison.

En fait, vous tremblez d’excitation parce que vous vous dites que cette nuit vous allez conclure, vous allez trousser de la donzelle ou du damoiseaux pour les filles. Y a pas de sexisme dans la faim.

Quand on se lance dans la promotion des littératures africaines c’est la même excitation. On est rempli d’un espoir démesuré, on est convaincu qu’on va faire lire des dizaines de Sami Tchak, des tonneaux de Gisèle Pineau, des cabas de Moses Isagawa.

Mais hé Dié !

C’est comme en boite !

Vous mettez votre sueur, votre énergie. Vous vous dépensez comme si vous dansiez un mbalax au rythme de Matchou de Alioun Mbaye Ndère (que les moins de 30 ans aillent dormir !)

Et Whalou.

A 5h du matin, vous vous rendez-compte que vos potes ont cartonné la bouteille que vous avez payé, que les filles qui squattent votre table ont avalé du whisky-coca comme si c’était de la Cristalline et elles vous disent "non j’ai pas de numéro de portable !"

Wahlou !

La promotion de la littérature des Afriques c’est pareil.

Vous y entrez les yeux grandis d’espoir de conquêtes des cerveaux (à défaut des derrières pour le clubbeur). Vous êtes impressionné par le nombre de proies POTENTIELLES qui vous entourent et au final, au petit matin …. WAHLOU !!

Vos Santaki, vos MwanaKongo, vos Kaar Kass Sonn… personne n’en veut !

Énergie pour rien.

Mais tout le monde vous félicite !

Et vous êtes vénère.

Toute la semaine vous êtes vénère et vous vous dites PLUS JAMAIS ÇA !

Vous vous dites que vous allez retirer votre RIB et que plus jamais vous n’irez faire la queue sous la pluie devant le NELSON.

Toute la semaine vous vous dites : Tant pis, ces gens-là ne veulent pas lire, MERDE ! Je vais m’enfermer dans une grotte et tous les vendredis je vais me noyer dans mes Frankito mes Ken Bugul ou mes Driss Chraïbi.

Et puis, Vendredi soir arrive.

Et puis, vous êtes un passionné de la fesse ou de la lettre. Vous ne pouvez pas vous résoudre à l’échec, au râteau.

Et vos potes vous bipent dès 16h en vous disant : CE SOIR Y A DU POTENTIEL ! (lecteurs bien sûr…)

Alors vous remettez votre veste Smalto et la cravate from rue Meslay (c’est le Nelson, pas de cravate égale recalage garantie)

La promotion de la littérature c’est la même chose. C’est une passion au même titre que clubber quand on était jeune. Nous sommes convaincus – comme quand on était jeune – que lire des africains est la chose la plus IMPORTANTE pour les africains, les afro-descendants et les autres.

Donc, Nous ravalons notre déception. Nous décidons de changer de stratégie de drague et même de boîte parce que à l’Atlantis les filles se la racontaient trop aussi !

Et nous repartons avec d’autres méthodes, plein d’espoir, en nous disant que : ON MONTE ON DESCEND, ILS VONT FINIR PAR LIRE NOS AUTEURS !!

C’est tout pour l’instant, mais I’ll be back !