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JET D’ENCRE

Journal d’une mère - Son âme à nue

samedi 15 février 2014, par Doszen

Un recueil de textes. textes slammés, textes dits, textes crachés et hurlés vers l’extérieur pour couvrir les pages blanches format 13x18. Ce "Journal d’une mère", publié en 2013 par les éditions du Net, m’a ramené à mon actualité, celle d’une éditrice qui m’a dit un jour qu’il ne fallait pas que je ne mette pas en danger en présentant des manuscrits qui relateraient mes émotions personnelles. "Le plaisir que vous éprouvez sans nul doute à rimer vos sentiments amoureux ne peuvent pas donner lieu à une publication..." Pan dans ta gueule... Vous pensez bien que quand j’ai ouvert ce "Journal d’une mère" de Claie Aventur j’étais dans un état d’esprit disons... magnanime.

Et donc, j’ai commencé à parcourir ces jets de d’émotion sur pages blanches, les uns après les autres. Une succession de récits courts, une ou deux pages maxi, où sont déversés des flots d’émotion qui parfois vous noient. Les textes, proses expurgés d’en dedans, ressassent en leitmotive les mêmes sujets : douleur de l’enfant rejeté, souffrance de l’amour rejeté, foi en une main de Dieu seule en seul secours, crie de rage de résistance et rédemption dit et redis en forme de méthode Coué. Dur.


"Ma forteresse était devenue le dôme en détresse d’une vie pleine de sécheresse."

Alors j’ai pensé, "oui, effectivement, c’est personnel, c’est trop personnel, j’ai la désagréable sensation de voyeurisme... "
Puis, ma lecture se poursuivant, sortent de ma tête la connaissance que j’ai de l’auteure. Sort de ma tête le fait que je sache que ce sont là des récits autobiographiques d’une vie mainte fois déchirées. Puis, avec la lecture continue, les mots prennent le dessus, le texte redevient l’essentiel et la bonne nouvelle soudain me gifle : au-delà de cette vie à laquelle je ne m’identifie pas, oubliant ce genre qui nous différencie ; les mots de Claie, par de soudaines fulgurances, me parlent.

"Partager son cœur sans frontières ni barrières, c’est partager la vie pleine de lumière et y voir plus clair."

Et les textes, hétérogènes dans leur qualité, faits de monts et de vaux par l’intérêt qu’ils suscitent, me parviennent habillé de belles promesses poétiques.

"Tout mon moi a enfin pris place, maintenant tout s’efface, en laissant quelques traces mais moi je peux me regarder en face."

Ces textes qui se suivent, tournoyant autour des mêmes sujets comme si, malgré les cris à la liberté revendiqué, le cœur qui parle était encore prisonnier de ce rapport à la mère, à l’amour, si tortueux. Ce doit être cela que mon éditrice citée plus haut voulait dire ; il est difficile d’entrer dans des mots si chargé de la vie de quelqu’un sans en avoir une lecture orientée.
Alors, peut-être aurais-je été plus dur, cassant, avec ces textes nés de la spontanéité et dont certains auraient mérité meilleur sort du labeur de l’écrivain, mais est-ce vraiment là l’important ? Ce tout petit recueil de récits de vie ne vous laissera pas en sortir neutre, il est trop rempli de la vérité de l’émotion. Alors, madame l’éditrice, le plaisir ou la douleur que l’on ressent à rimer nos sentiments, amoureux ou non, devrait toujours être la raison d’une publication sinon à quoi cela servirait-il que l’on écrive ?


"Journal d’une mère"

Claie Aventur

Les éditions du Net, 2013