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Jet d’encre

A feu doux

Salim HATUBOU

mercredi 4 juillet 2012, par Doszen

Ce livre se déguste telle une délicieuse petite entrée.
Une entrée souriante, espiègle.
Un met léger, dans son écriture, fluide et facile à digérer.
Salim HATUBOU fait vivre au lecteur les derniers instants d’un village voué à la destruction et la mort de par le feu du Karthala qui érupte.
Le village entier s’est résolu à cette mort par la lave qui se fait attendre, qui déjà se fait sentir. Et personne ne songe à la fuite. Ni panique, ni désespoir extrême, seulement l’acceptation du destin qui leur est tracé.
Dans ces ultimes moments émergent les choses les plus importantes de la vie des hommes, celles que veulent importer les futurs morts dans l’outre-tombe : les souvenirs, la conversation et la culture… culinaire.

Sous l’arbre à palabres se sont réunis des personnages hauts en couleur. Du Patriarche-gaucher au Patriarche-droitier en passant par l’Androgyne au pied bot, l’Imam au destin d’Assurancetourix… tous racontent, se racontent, des histoires de vie, des contes fantasmagoriques, des anecdotes de cocus, des regrets d’amoureux transit. Tous parlent de vie.
Et toujours, toujours en personnage principal, en élément central de ces réminiscences pré-mortem, la nourriture, la mangeaille, la cuisine, la bouffe, les victuailles, la graille !

Chaque histoire, triste, drôle, émouvante, violente, tendre, etc. est liée la description d’un met typique des Comores avec le détail de sa cuisson, de l’odeur de ses épices, de la saveur de ses ingrédients, du goût de sa sauce. Et avec chaque plat vient un contexte culturel : un mariage, une veillée funèbre, une réconciliation amoureuse, une cérémonie spirituelle.

Les, courts, paragraphes débutent tous avec une question "existentielle", toujours liée au manger, aux plaisirs du palais, du touché, de l’odorat et de l’ouïe.
Avec les mots qui nous font voyager dans la culture des Comores viennent la bave de l’envie due au plaisir rêvé d’une future Agapè sur les terres d’Udzima wa Komori. Même en petite souris, reclus dans un coin sombre des cuisines d’une bienveillante matrone de Moroni.

N’hésitez pas à plonger dans la grande marmite littéraire qu’est cet ouvrage. Quand les 144 pages pleines de vie de ce petit livre se referment, on a faim !