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Jet d’encre

« La danse de Pilar » de Charline Effah, entre famille et intrigues politiques

lundi 4 juin 2018, par Doszen

Éditeur : Convoquant les souvenirs d’une famille des débuts des années 80 en Afrique subsaharienne, Charline Effah évoque le destin tragique d’une fratrie morcelée, prisonnière de la domination de la mère qui régule tout : les choix, les sentiments et les pensées. L’auteure interroge les politiques subsahariennes, les mouvements propagandistes, les vents démocratiques des années 90, la famille, l’ambition, l’amour. La question du rôle des figures féminines dans les mouvements politiques est au cœur du roman à travers le portrait d’une femme dans une écriture résolument introspective et poétique.

Voici une lecture qui m’a laissée perplexe, au mitan du livre, car je n’arrivais pas à savoir si je devais m’enthousiasmer ou rester tiède ... L’écriture est très - trop ? - travaillée et on sent le projet poétique de l’auteure. De très belles tournures, très belles phrases dignes de profil Facebook inspirés. Une langue qui se veut fluide, déliée, agréable. Mais ... la narration est fouillis, verbeuse. On a parfois l’impression d’une auteure qui aime surtout se lire. Jusqu’au tiers du livre, même si on aime cette écriture, on a l’impression que le livre se traîne à mettre en place les personnages. Et je ne parle pas du ton larmoyant et dépressif du narrateur.

Après, une fois le venin craché, il faut dire que ce texte accroche car, en dépit de la multitude de personnages qui nous perd un peu, on veut savoir. On veut savoir le pourquoi du fratricide de Paterne, on veut comprendre le lien avec Salomon, on s’interroge sur le destin de cette Pilar amatrice de ventilateur et encas du Big Boss est le personnage de mère et femme indigne au centre de l’effet kiss-cool du karma.

Un livre qui se laisse lire avec plaisir et intérêt. Une écriture qui recherche, trop, l’effet, la phrase choc façon publicitaire, mais agréable et tout en tournures qui se veulent poétiques.
L’histoire familiale, intimiste, qui explore les relations entre une Pilar intrigante et courtisane et Salomon, le mari cocu, Jacob, le beau-fils honnis et Paterne, fils narrateur qui vit comme à l’extérieur de la vie des siens.

Le texte commence par un fratricide, et une écriture larmoyante, trop volubile, et s’appuie sur une situation politique explosive comme outil pour explorer l’humain et la maternité. Charline Effah explore évidemment les relations de couple dans un environnement où les ambitions de chacun des protagonistes veulent prendre le pas sur l’autre, mais aussi et surtout l’auteure explose encore une fois (après son premier roman « N’être ») la relation à la mère.

Finalement, j’aime beaucoup ce roman. J’en ai douté pendant 70-80 pages, mais, malgré les bémols, c’est une jolie - Et rapide - lecture à recommander fortement.


« La danse de Pilar »

Charline Effah

Édition La Cheminante