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PALABRES AUTOUR DES ARTS

La banlieue en écriture

La littérature du béton s’invite aux palabres

lundi 19 août 2013, par Dridjo

La banlieue occidentale est le lieu de tous les fantasmes de la part des dirigeants du monde, de la part de ceux qui ne la voit que de loin, par l’ornière médiatique du téléviseur ou des journaux. Cependant, depuis des années la banlieue a décidé de se raconter elle-même, de se dévoiler, par pans, à l’œil de l’autre, extérieur, mais aussi aux yeux de ceux qui la vivent de l’intérieur et qui ne la vivent pas de la même façon.

Les palabres autour des arts ont eu plusieurs fois l’occasion de se pencher sur l’art et l’urbanité, notamment en septembre 2012, quand elle recevait l’auteur Rachid SANTAKI venu parler de son polar "Flic ou caillera" (éditions Le Masque, 2012) avec les chroniqueurs des Palabres :


Et à cette occasion, "Les palabres autour des arts" ont découvert des auteurs divers qui ont chacun abordé la cité avec des plumes différentes :

  • Kiffe kiffe demain (Faïza GUENE)
  • Enfant des lieux bannis (ROST)
  • René (Disiz La peste)

Le 30 Juillet 2013, les chroniqueurs se sont de nouveau attelé à déterrer les œuvres parlant du béton, par le talent de ceux qui la vivent, de ceux qui la fantasme ou de ceux qui la défendent ou la dénonce.

L’auteur Palabreur, pour cette occasion, était Joss DOSZEN, revendiqué « griot junior », initiateur de différentes rencontres autour de la littérature dont les « Palabres autour des arts » ou les « Universités Populaires des littératures des Afriques ». Le crédo de cet amoureux des livres, tombé dans la marmite de l’écrit par le hasard des rencontres, est la promotion des littératures des Afriques, trop souvent absentes des médias occidentaux, et donc par ricochet africains, mais aussi de permettre à des auteurs, jeunes ou confirmés, d’avoir un lieu où ils pourront échanger avec des lecteurs et faire connaitre leurs productions.
Joss DOSZEN est auteur de trois romans et activiste littéraire. Enfant terrible qui se définit comme griot moderne, Joss DOSZEN défie les conventions avec sa plume acerbe, exubérante et dangereusement éclectique. Il est venu présenter ses deux ouvrages du béton : « Le clan Boboto » et « Votre message n’a pas été envoyé » .


La soirée avait débuté par la découverte de quatre œuvres qui parlent des banlieues du monde et que les chroniqueurs on reçu de façon plus ou moins favorable.

  • "Ils sont votre épouvante, vous êtes leurs craintes" de Thierry JONQUET a été reçu de façon dubitative (37’20") par Lareus Gangoueus et Aurore Foukissa qui pointent le doigt sur les possibles risques de caricature que pourrait véhiculer le livre quand Cédric Moussavou, lui, a vu dans cet œuvre une intéressante plongée dans les problématiques qui ont présidé à l’explosion des banlieues françaises en 2005.
  • "Fleur de béton" (Wilfried N’SONDE), à 27’33", est une œuvre écrite par un défenseur acharné on pas des banlieues, mais des zones où la misère a pris ou voudrait prendre le pas sur l’espoir. Le portrait de cette enfant d’immigrés sicilien, Rosa-Maria, se veut un portrait rempli d’espoir sur cet univers fait de déracinement, d’amour et de solidarité. Lareus Gangoueus a apprécié le positivisme de cet œuvre, l’écriture poétique et chanté de Wilfried Nsondé qui sait "décrire l’âme".
  • "The Corner" de David SIMON et Ed BURNS a donné naissance à la série américaine "The Wire", et Aurélie Myself n’a pas été convaincue par la noirceur du portrait brossé par les deux auteurs (voir 3’10"). Drogue, sexe, misère social... les yeux extérieurs à cette banlieue racontant six mois de vie de la famille McCullough dans la ville de Baltimore a laissé froid Lareus Gangoueus qui s’inquiète de cette image de la banlieue qui semble recueillir les suffrages des téléspectateurs.
  • "Le paradis des chiots" de Sami TCHAK (13’52") est sans doute l’œuvre qui a le plus dérangé Aurore Foukissa de par la violence décrite dans sa crudité. Laréus Gangoueus défend ce qu’il voit comme étant le meilleur roman de sami Tchak qui décrit cet univers des enfants des rues d’une favelas en Amérique du Sud. "El Paraïso" met en scène des enfants réduit à l’état quasi animal, notamment cet personnage de Ernesto qui à quatorze ans n’est que désespoir, cruauté, sexe et violence. Rien n’est épargné au lecteur, pédophilie, prostitution, viol, vol...
    Cédric Moussavou appui le sentiment de non-espoir qui traverse le livre mais conseille, avec Laréus Gangoueus, la lecture de cette œuvre puissante mais attention aux cœurs sensibles !

La soirée s’est, comme toujours, terminée avec un échange autour des "clichés" que véhicule la banlieue, la cité, le béton. Le public venu nombreux a largement participé à l’échange et vous invite à poursuivre le débat sur la toile.

Pour la session du 30 Aout 2013, sous les ors de la maison de l’Afrique, au 7 rue des Carmes à Paris, Ketty STEWARDviendra présenter son livre "Noir sur Blanc" (éditions Henry, 2012), les palabreurs se pencheront sur les œuvres :

  • Haïti Noir (Edwige Donticat)
  • Mon frère (Jamaica Kincaid)
  • Le vieil homme esclave et le molosse (Patrick Chamoiseau)
  • Le sang et la mer (Gary Victor)