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Assumons nos amours

mars 2004, par Dridjo

Assumons nos amours

Une chose caractérise les étudiants congolais quelque soit l’endroit où ils se trouvent ; la présence quasi certaine de deux ou trois super chambreurs. Dans la génération corsaire la densité des moqueurs est anormalement élevée, et dans cette promiscuité permanente qu’implique la vie au sein d’une cité universitaire, le bouillonnement intense des esprits fait parfois des ravages.

Les midards et les Cécosards forment deux clans qui s’imbriquent et vivent en bonne entente. Mais évidemment la différence de statut « civil » alimente l’imagination des chambreurs des deux bords. Les moqueries fusent en permanence.

Pour les membres du MID, c’est facile. Se moquer de ceux qui ne « libèrent » pas leur excédent spermatique est aisé.
Les mots viennent d’eux-même. Et les Cécosards ne peuvent même pas s’offrir le luxe de se fâcher car ; c’est connu ; le Cecos rend nerveux ( !).
Les agents du Cecos par contre ont plus de difficultés à trouver des arguments chocs. C’est évident, le dernier de la classe ne se moque pas des résultats du « majorant ». Par contre si ce dernier à le malheur de passer totalement au travers d’un contrôle, les vannes qu’il subit sont proportionnelles aux siennes élevées au cube ( !).

La moquerie classique concerne le faciès, ou pire, le physique des copines des Midards.
Comme de naturelle, quand on n’ arrive pas à marquer des buts contre la défense du Milan A.C. ou du PSG ; quand Dallaglio et Thompson vous empêchent de mettre un essai à l’Angleterre ; certains se contentent de marquer des buts contre Montpellier ou d’aligner des transformations face à l’écosse.
Bref, certains corsaires pour « sortir » du CECOS, n’hésitent pas à aller draguer des filles à qui ; en temps normal ; ils n’auraient pas adressés même un regard.
Bien sur ; nous savons tous que la beauté est une notion subjective et qu’elle réside dans le regard de celui qui l’ admire. Mais tout de même, le bon sens étant la chose la mieux partagé au monde, il y a des femmes (et des hommes) dont on peut dire quasi unanimement qu’elles (ils) sont moches. Le tout c’est que leurs conjoints assument.

Avril 95, Hegel membre influent du MID en a assez de cacher sa dulcinée. De raser les murs pour qu’on ne le voit pas quand il la raccompagne. Pour la premier fois il va assumer.
Midi, le Restaurant Universitaire est plein comme un oeuf d’étudiants qui mangent dans le brouhaha traditionnel.
80% de la salle est constitué d’étudiants du crû et les corsaires sont de-ci delà sur des tables « claniques corsaires » éparpillées un peu partout dans l’enceinte du R.U.
Hegel entre dans le R.U, plateau sur les bras, son éternel flacon d’ « arôme magique » posé dessus et son élue à sa gauche.
Fière comme Artaban il traverse la salle jusqu’au fond avec sa promise du (moment).
Et pendant la traversée de la salle, ça se déclenche :

- A yayi kento ééé !!! [ C’est une fille ça !!!]

-  Wapi place gué mé cuenda ku sosa yandi éé !!!? [ Où es-tu aller la chercher celle-là !!?]

-  Na ku tiemba gué ké tula yandi Cagoule o inki !!? [ Pour la b... tu lui met une cagoule ou quoi !!?]

-  ...

Tout cela évidemment seuls les congolais le comprenne. Ils se parlent à haute voix tout en affectant d’avoir des conversations banales à laquelle tous participent. Ce sont des étudiants traditionnellement bruyants, cela n’interpelle et n’étonne personne. Mais Hegel comprend tout, of course. Mais lui ; royal : fais comme si de rien n’était, ne s’énerve pas une seconde. La zen-attitude totale. Et pendant tout le repas se fait tendre et câlin envers sa copine.

Vous allez vous dire que les corsaires sont de vrais porcs misogynes pour se comporter ainsi et vous auriez tord.
Hégel est l’un des chambreurs les plus remarquables de cette génération et il a le fair-play nécessaire pour laisser « couler » ce genre d’attaque.
Et sa copine direz-vous ? Non , seulement elle ne comprenait rien, mais en plus elle était tellement gentille et tellement bien comme fille que tout le monde a fini par l’adorer et chaque fois que Hégel « déconnait » dans leur relation tous s’en prenaient à lui et même lorsqu’il n’avait pas tords ses proches prenaient la défense de sa copine tant moquée.