Les seules limites sont celles que nous nous imposons

Accueil > Mon côté fun > Histoire d’Hommes > La diffamation

La diffamation

mars 2004, par Dridjo

Les créateurs du « Petit Robert » ou autre « Larousse » se retourneraient dans leur tombe s’ils savaient comment les africains rendent caduques les définitions qu’ils accordent aux mots français. En l’occurrence parmi les maux africains le principal est celui qui consiste à s’approprier le français pour en faire quelque chose qui soit en adéquation avec leurs cultures et leurs expressions.
De Libreville à Dakar en passant par Douala et Ouaga ; les africains ont embellis la langue de Molière et les étudiants congolais de Dakar ne sont pas en reste.
Le mot le plus emblématique du vocabulaire des « Codakois » (congolais de Dakar) entre 1995 et 2000 est La diffamation.
Ce mot honni et décrié de tous de part sa définition première a été embelli et rendu sympathique. Evidemment il garde sa définition première : donner des informations fausses sur quelqu’un dans le but de le discréditer. Mais cette diffamation là ; étroite et mesquine ; a été bannie du vocabulaire.
« Diffamer » sur quelqu’un c’est avant tout le vanner, le chambrer. Le « diffamateur » est capable
d’inventer sur vous une histoire à dormir debout sur la pointe des orteils en votre présence et en
présence d’un grand nombre d’auditeurs de préférences. Il part d’un détail vrai et extrapole autour
ou créé ex-nihilo des aventures de plus en plus rocambolesques dont vous êtes, à son corps défendant, le dindon de la farce.
La diffamation c’est aussi les ragots, les cancans, les infos non vérifiées ou manifestement fausses
qui n’ont d’autres buts que trouver une distraction à moindre frais. Mieux que « Paris Match »,
« Entrevue » ou le pire des tabloïdes anglais ; la diffamation sert à l’animation du Timoko dans
chaque famille et qu’importe si l’information est vrai ou non, dans un mois il y aura un autre sujet,
une autre tête de turc.

Mieux encore, les seules personnes autorisées à s’appeler « diffamateurs » sont ceux qui sont très proches les uns des autres. Quand Ndombolo traite Madaka de diffamateur ou que Kodo gueule à Yasaf ou Djamel que se sont des diffamateurs c’est parce qu’ils s’adorent et qu’ils forment une famille. Si Papa Madenfou et Shearer créent une diffamation monstre sur Tholot ; qu’il doit supporter pendant deux ans (!) ; il laisse couler car on ne se fache pas avec la famille. Et la situation est la même quand le Major chambre son oncle Ebembé sur Kakou.
Les problèmes apparaissent évidemment quand les personnes inclus dans l’opération de diffamation
sont réfractaires à ce mode de pensée. Comment voulez-vous que quelqu’un comprenne que le fait qu’on lui dise « tu es orgueilleux pour rien » fait office de « bonjour comment vas tu » ? Les clashs sont inévitables et nous verrons (peut-être) à quel point ils engendrent des situations difficiles.