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Les tontons footeux

février 2004, par Dridjo

Nous l’avons Déjà dit plus haut, les Africains sont fans de football. L’arrivée des corsaires à Dakar va révolutionner les choses.
Il existe (encore maintenant) un tournoi inter-nation géré à l’époque par les autorités du COUD (CROUS à la française) et qui regroupe des équipes constituées d’étudiants de toutes les nations représentées à Dakar.
Les étudiants camerounais, gabonais, togolais, congolais, béninois et sénégalais sont les plus concernés car présents chaque années mais il y a aussi le Burkina faso, la Centre-Afrique, le mali, la Mauritanie et le Maroc participent de manière plus discontinue à ce championnat.

Le Congo, comme je l’ai dit, possède enfin une vraie équipe digne de ce nom. Mais la moquerie étant vissée aux chevilles congolaises, l’équipe de foot ne fait pas exception à la règle. Non seulement il faut avoir un minimum de talent pour intégrer le team, mais encore faut-il avoir le moral, la volonté, le fair-play nécessaire pour y rester. Il y a là la présence d’un magma de pensées qui n’a qu’un but : la déconne. Et ce, que se soit au niveau des joueurs, des supporters ou même des adversaires.

Commençons par les joueurs. 90% de cas sociaux et de branleurs de première. Avez-vous Déjà vu un joueur qui en plein match s’arrête, regarde la publique en gueulant « le prochain qui se moque de moi je monte lui tailler les fesses ».
Mieux, un milieu gauche qui en a marre de faire l’aller-retour attaque-défense s’arrête d’un coup et hurle au coach « sortez-moi, sortez moi j’en ai marre ! Vous voulez me tuer !? ».
Imaginez un joueur, défenseur de par sa fonction, qui pour une fois arrive à dribbler l’attaquant qui le fait généralement souffrir (double contact et petit pont, excusez du peu !) ; une fois passé son adversaire direct, il abandonne le ballon, lève les bras au ciel et sort du terrain en gueulant « je l’ai eu !!! Champion du monde !!,... ». Bref, un peu n’importe quoi et ceci n’est qu’un médiocre échantillon de ce qu’ils étaient capables de faire dans cette équipe.

Et vous croyez que les supporters laissent leur part aux chiens ? Que nenni ! Avec le renouveau des diables rouges (nom de l’équipe congolaise), une excitation nouvelle fait tressaillir la communauté congolaise. Les gens deviennent très vite de vrais fans de l’équipe. Avant chaque match important, une demie-finale, une finale, un choc Congo-Cameroun ou Congo-Gabon ; des tee-shirts sont édités, vendus dans toute la colonie ; les tam-tams sont préparés. Sans oublier les chants des supporters dont l’importance du répertoire n’a aucun égal.
De plus le publique adverse souffre durant tout le match car en plus de motiver leur troupe, ils chambrent l’adversaire et son publique comme pas de possible. N’oublions pas que les Congolais se sont de « grandes gueules », des gens qui « se la pètent » un peu.
Et pendant les matchs les Congolais dans le stade chantent et dansent pendant toute la partie. Après les matchs importants, défaite ou pas les gens font la fête et vont boire un coup. De plus ils ont squattés toute une partie des petites tribunes du stade et l’on appelé « Le Kuazulu » c’est devenu un espace privé où eux seuls ont le droit de s’assoire.

Mais évidemment se serait trop beau que les choses s’arrêtent là. Car les fans, comme tous les fans, sont changeants et très versatiles. Autant ils peuvent porter les leurs aux nues, aussi vite ils vous renvoient aux enfers.

Quand l’équipe ne marche vraiment pas, que les défaites s’enchaînent ; ils deviennent vite insupportables. L’adversaire n’est pas le seul « bénéficiaire » des quolibets et autres moqueries qui pleuvent. Et le pire c’est que tout le monde se connaît, celui qui te chambre et te vanne pendant que tu cours derrière un adversaire, ou quand tu rate un drible, un but ; c’est souvent celui avec qui tu partage tes repas, ton appartement, c’est ton oncle, ta copine, ton frère de sang. Donc tu ne peux rien faire. Ou tu quitte l’équipe et tu arrête ou tu deviens adepte du bouddhisme et de la zen-attitude. De petits échantillons :

1. Après un match perdu, un gars descend des tribunes -C’est un « grand frère » de la colonie, pour qui tu as beaucoup de respect et lui en temps normal, t’apprécie beaucoup- Il te prend par les épaules et te donne 100F en te disant « 50f c’est pour que tu prennes ton bus pour rentrer chez toi. Avec le reste, tu t’achète du savon de lessive, tu lave ton maillot et ton short, et surtout tu ne reviens plus jamais jouer pour cette équipe ! »
2. Dix minutes avant la fin d’un match difficile pour l’équipe, tous les supporters se lèvent, et d’un coup sortent tous du stade en même temps !
3. Des fans qui à la fin d’un match sortent ce qui s’apparentent à des tractes dans lesquels l’équipe du Congo estudiantin serait à vendre. Ils se proposent de dispatcher les maillot et de faire une équipe de handball féminin !

Et soyez sûr que ceci est très loin d’être un énoncé exhaustif de tout ce dont les codakois génération 95 étaient capables.
Et vous n’avez pas encore entendu parler de leur goût immodéré pour les bagarres...