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La charte graphique... killer instinct

mardi 10 janvier 2012, par Dridjo

La charte graphique de l’éditeur
La « châtre » de l’art
La couv uniforme qui habille une rentrée littéraire entière,
Parfois même plusieurs.
Moi pas comprendre, je suis perdu…
Un livre, un bouquin, c’est une œuvre d’art pourtant !
Un, plus ou moins, pavé que l’on hume, les narines écartées
Une brique de papiers que l’on touche, l’on caresse du bout d’un doigt humide,
quand on le sort d’un rayon de libraire, quand on le reçoit d’un postier chaleureux,
quand, fébrilement, on découvre cette couv.

Un arbre défunt recouvert d’une fresque que l’on regarde avidement,
avant que le cerveau cartésien du lecteur ne prenne le dessus
La couverture, la page de garde d’un livre se doit de rendre hommage à ce que le livre a en lui
Cette couv qui vous fait pendre la langue dans l’attente de découvrir la personnalité du bouquin

Les éditeurs ont en fait des clones marketing
Même image, même emblème, même couleur, même, même… soldatesques illustrations
C’est l’impression qui truste le cœur du lecteur artiste
On lui vole la beauté du contenant, on lui fait croire que le contenu est le tout
Le contenu est l’essentiel, la couv est la cerise, la chose inutile qui donne sa personnalité au livre

Les éditeurs ont décidé que seuls eux comptaient,
Le lecteur doit se ruer sur le livre en fonction d’eux, les éditeurs ; garantie de qualité
Partait-il…
Les rayons des librairies sont ainsi remplis d’une foultitude de miettes d’arbres paginées,
Le livre n’est plus un objet d’art visuel,
on lui refuse ce statut en laissant un marketeur unique décider que toutes les œuvres d’une saison auront le même vêtement
Toutes accoutrées pareil ; no différences, no art, puisque uniformisation industrielle

L’ersatz électronique a ainsi donc toute sa raison d’être,
si le plaisir du regard posé sur la belle couverture du bouquin à dévorer n’existe plus,
pourquoi alors ne pas se contenter du rétro-éclairage d’une liseuse ?
si l’artiste musicien farde tous ses CD du logo EMI ou Universal, pourquoi s’encombrer d’une CD-thèque ?

Ils disent que le livre se meurt,
ce sont eux les génocidaires du bouquin papier, eux qui mériteraient un Dexter vengeur,
qui viendrait punir ces éditeurs qui se voient plus fort que l’art, que l’artiste.
Ceux qui se mettent, eux, en avant et se refusent à faire l’effort de donner une âme différente à chaque bébé publié.
Ils tuent le livre en s’arrogeant le droit de ne pas faire de couv unique pour des contenus livresques qui, eux, sont uniques.

Jamais, jamais je ne comprendrai cette uniformisation des couvertures de livres, apanage presque unique de l’univers littéraire français.