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Le débat élève ?

Vendredi 17/03/2006

vendredi 17 mars 2006, par Dridjo

Le débat élève l’âme. La contradiction, la confrontation des idées aident les hommes à s’élever spirituellement.
En partant de ces axiomes là, la France ; chère pays de mon enfance ; devrait figurer au panthéon des peuples restés à l’ère de Cro-Magnon, les peuples les plus « barbares » au vu du nombre incroyablement bas de débats d’idées qui clairsèment les programmations télé de l’hertzien hexagonal.
Hormis France 2 et France 3 qui nous concèdent un petit débat publique sur les ondes télévisuelles ; à des heures parfois décentes, le sacro-saint « Prime time » ; aucune autre chaîne ne semble voir d’intérêt à chercher l’élévation de l’esprit Français. Mais il est vrai qu’en regardant de plus prêt les programmes de TF1 ou M6, on se rend compte que décidément il n’est pas dans leurs intérêts que les français commencent à cogiter.

Le pire c’est que même si de temps à autres les chaines publiques se rappellent de leur mission de service publique ; ce pourquoi nous payons la redevance ; c’est-à-dire la mission de nous informer et d’essayer de nous rendre chaque jour un peu moins con (dure mission en France !) ; le résultat n’est pas très probant ! Les débats ne semblent pas aider la France à progresser vers plus de sagesse. Du moins ceux qui ont lieu avant que le feu n’éclate. Tant qu’il y a un calme plat, personne ne semble se rappeler que Christine Ockrent ou Arlette Chabot ont des émissions mensuelle sur des faits de société.
Tout le monde ; politique, étudiant, simple quidam ; attend l’explosion des « racailles » de banlieue ou des « inutiles » étudiants d’université pour enfin suivre une émission qui leur apprend qu’il y a des gens qui pensent, qui vivent, le monde et la France différemment.

Je m’arrête sur la dernière explosion, celle de jeunes lycéens et étudiants, très majoritairement, d’universités.
Hier 16 mars 2006, Arlette Chabot ; le genre de personne qui vous donne envie de faire des études de journalisme ; nous a fait le cadeau d’un vrai débat sur la contestation que crée en France la nouvelle lubie du gouvernement : le très célèbre CPE.

Le débat se voulait constructif avec des avis de toutes nature. Des gens de toutes sensibilités. Hé ben moi ; comme tout ceux qui devant leur télé se délectaient du débat une 1664 à une main, des cacahouètes dans l’autre et un « Sé pa pou dat » en musique de fond ; je me suis fait deux ou trois remarques à l’issue de l’émission.

  • 1. Comment se fait-il que les différents camps ; du « oui » et du « non » étaient si caricaturalement divisé ? Du côté du « oui » au CPE il y avait une (très) grosse majorité de chef d’entreprises et d’étudiants issues de grande école de commerce ou d’ingénieur.
    Mais bon, ne soyons pas naïf. Si j’étais chef d’entreprise je sauterais au plafond d’avoir la possibilité de virer un de mes employés à la moindre baisse économique, s’il est incompétent au bout d’un an et demi (oui je sais ; j’ai mis le temps pour m’en rendre compte !) ; parce que j’ai déjà bénéficié des exonérations fiscales qui me sont données pour avoir embauché un jeune d’un quartier défavorisé ou simplement parce que, décidément, la tête de gaulois de cet auvergnat me donne des cauchemars !
    Et les étudiants grandes écoles ? Dans un pays qui souffre de « diplomite aigu » , quand ont sort de l’ESSEC, de l’INSA, de Polytechnique, ... c’est le boulot qui vous cours après ; pas l’inverse. Ces étudiants là savent très bien qu’il ne seront jamais concernés par ce nouveau contrat et que se sont eux les futures chefs de grandes entreprises. C’est donc facile d’être pour. Prenez nous pour des cons.
  • 2. Le CPE veut dire « Contrat Première Embauche ». Question : vu que c’est une première embauche ; un jeune de 23 ans « subit » une fois le CPE et qu’il est viré au bout de 9 ou 10 mois n’aura donc pas à « subir » une nouvelle fois ce type de contrat vu que désormais se n’est plus une « Première embauche » mais sa seconde. Ou sera-t-il possible que de 20 ans à 28 ans moins 1 jour (si le contrat est signé à 26 ans moins un jour) qu’on lui fasse enchaîner 8 ans de CPE par différentes entreprises ? Je crois que oui, c’est possible. Prenez nous pour des cons.

  • 3. Pourquoi lors des débats télévisés les chefs d’entreprise cherchent-ils à nous prendre pour des cons ? Tous, à l’unanimité répétaient la bouche en cul de poule « nous nous ne recrutons pas sur les diplômes mais sur les compétences en priorités. Seul la compétence compte ». Prenez nous pour des cons.
    Dans ce cas pourquoi sur les espaces recrutement de tous les grands groupes français ont vous demande systématiquement de préciser non seulement quel niveau de diplôme vous avez, mais aussi dans quelle école vous l’avez obtenu si le diplôme n’est pas si important ? Et pourquoi 80% des grandes entreprises françaises ont des grilles de salaires qui ne tiennent pas seulement compte des compétences mais aussi de l’école de laquelle vous venez ?
    Faites un simple testing au niveau des entreprises de recrutement et d’ingénierie qui œuvrent dans le monde industriel et tenez moi au courant de vos conclusions. Je peux vous dire simplement qu’il est rageant de faire le même job, les même heures et même plus qu’un collègue et d’avoir une rémunération 30% plus faible simplement à cause de votre « pauvre » Master non A.O.C.
    Et je ne vous parle même pas de discrimination raciale sinon, je vais m’énerver pour de bon !
  • 4. Un leitmotiv revenait sans cesse dans cette émission. « croyez vous qu’un chef d’entreprise qui aura formé un jeune pendant 2 ans le laisse partir et ne l’embauche pas ? C’est illogique ». C’est vrai, c’est illogique. Mais ceux qui croient que ce n’est pas possible n’ont jamais fait de BTS par alternance.
    Combien de société exploitent les étudiant en BTS par alternance pendant les deux ans que dure leur formation sans jamais embaucher ? Tout un tas de PME, dans les services de manière général, utilisent le filon de l’alternance pour ne pas recruter et ce depuis des années. Et les partisans du « oui » jouent les naïfs en nous donnant du « comment peut-on former quelqu’un pour ne pas l’embaucher après ? » !! Prenez nous pour des cons.
  • 5. Un super chef d’entreprise ; la caricature du libéral issu d’une grande école ; a passé son temps à critiquer le système éducatif français, en particulier les universités, pour porter aux nues les classes prépas et les grandes écoles.
    C’est vrai que tous les français sont égaux devant l’éducation et que tous peuvent payer des frais de scolarité de 10000 euros par an. Ils sont vraiment cons ceux qui ne choisissent pas l’ESG, l’HEC, l’ESSEC, l’ESCP, ... ! Prenez nous pour des cons.
    En plus ces messieurs ex-grandes écoles, oublient juste une chose. Les études doivent aussi servir à éduquer, à élever les jeunes, et non pas simplement à créer des masses laborieuses pour les « open office » des entreprises du CAC 40.
    L’école ça ne doit pas être simplement un bourrage de crâne de notions « d’analyse macroéconomique », de « recherche opérationnelle », de « théorème de Bernoulli ».
    De mon simple point de vu, les notions de science humaine, science de l’humain ; sont nécessaire aussi bien à l’artisan menuisier, qu’à l’ingénieur de X et à l’étudiant décrié de licence de philo.
  • 6. Pourquoi opposer systématiquement les jeunes diplômés ; qui n’auraient pas besoins du CPE ; et les non diplômés pour qui ce contrat serait l’ultime espoir vers l’emploi ?
    Les non diplômés n’auront donc pas de problèmes eux quand ils voudront prendre un crédit immobilier ou simplement louer un logement qu’ils se verront refuser pour cause de « contrat de merde » ? Ou les plus défavorisés n’ont-ils pas besoin de se loger ?
    Les non diplômés souffriront-ils moins d’être renvoyés au bout d’un an et demi de boulot parce qu’ils auront enfin décidé que des heures sup non payés ça va un moment mais qu’à long terme se faire enculer sans lubrifiant par son patron indélicat c’est hautement douloureux moralement ?
    Les patrons auront-ils donc plus de scrupules à utiliser des non diplômés comme des Kleenex, qu’ils le font aujourd’hui pour des BTS alternance ? Prenez nous pour des cons.

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